246 médecins québécois de plus quittent le système de santé public, portant le total à environ 880
L’un des meilleurs journalistes spécialisés dans le domaine de la santé au Canada, Aaron Derfel, lauréat de prix prestigieux du Montreal Gazette, a publié un nouvel article montrant que trois mois après l’adoption d’une nouvelle loi, celle-ci ne semble pas avoir réussi à empêcher les médecins de quitter le secteur public.
246 plus de médecins ont été autorisés à quitter la pratique publique malgré la Loi 83.
Ces nouveaux chiffres publiés par Derfel proviennent de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), l’organisme provincial chargé d’administrer l’assurance maladie.
Le projet de loi 83 visait à empêcher les médecins nouvellement diplômés de se retirer du système public pendant les cinq premières années suivant l’obtention de leur diplôme, sous peine d’une amende pouvant atteindre 200 000 dollars par jour. Il ne traitait pas de la question de la loi québécoise sur les soins de santé qui autorise trois catégories de médecins : ceux qui travaillent exclusivement dans le secteur public, ceux qui font la navette entre le secteur public et le secteur privé, et ceux qui ont choisi de ne pas participer au système public et travaillent uniquement dans le secteur privé à but lucratif.
Moins de 20 médecins ont choisi de ne pas participer à l’assurance maladie publique dans tout le reste du Canada.
La Coalition canadienne de la santé a comparu virtuellement devant le Comité de la santé de l’Assemblée nationale du Québec le 11 février 2025 afin d’exprimer ses préoccupations concernant le nombre de médecins québécois qui sont permis de ne pas participer à l’assurance maladie, et l’importance de corriger la loi provinciale qui permet à tant de médecins québécois de facturer directement leurs patients.

Les médecins favorables à l’assurance maladie, tels que le Dr Xavier Gauvreau, vice-président des Médecins québécois pour le régime public (MQRP), qui a également comparu devant le comité, affirment que de nombreux nouveaux médecins de famille semblent avoir quitté le système public en anticipation de l’adoption du projet de loi 83.
« C’est alarmant », a déclaré le Dr Gauvreau au journal La Gazette. « Nous venons de dépasser la barre des 5 % de médecins de famille exerçant entièrement dans le secteur privé… Les mesures prises par le gouvernement pour limiter le nombre de médecins qui se retirent du système ne sont pas assez efficaces ».
Au total, le nombre de médecins omnipraticiens au Québec qui sont devenus « non-participants » a grimpé à 561. Ce chiffre est à comparer aux 509 enregistrés en juillet 2024, soit une augmentation de 10,2 % en un an. Plus d’un demi-million de Québécois n’ont pas de médecin de famille.
Le plus grand nombre de médecins à s’être tournés vers le secteur privé sont les anesthésistes, dont 54 (sur un total de 794), ce qui exerce une pression énorme sur les hôpitaux qui accumulent les retards dans les chirurgies urgentes et facultatives.
La Loi canadienne sur la santé (LCS) interdit aux médecins de facturer des frais d’utilisation, ou tickets modérateurs, aux patients. En mars 2023, Santé Canada a infligé une amende de près de 42 millions de dollars au Québec, un montant record et de loin l’amende la plus élevé de toutes les provinces, pour avoir autorisé la facturation illégale aux patients de « services diagnostiques médicalement nécessaires » qui devraient être couverts par l’assurance maladie.
Le rapport annuel de la Loi canadienne de la santé ne dit rien sur l’exode des médecins vers le secteur privé.
Jennifer Goodyer, directrice générale de la Division de la Loi canadienne sur la santé, et Lee Whitman, directeur adjoint de l’Unité de conformité de la Division de la Loi canadienne sur la santé, ont déclaré lors d’un récent webinaire organisé par la Coalition canadienne de la santé au sujet de la Loi canadienne sur la santé,que Santé Canada est au courant de la situation des médecins québécois qui quittent le public et de La loi 83. (à partir de 36:02 minutes).
Whitman a également mentionné que les citoyens et patients peuvent se plaindre auprès de leur province ou territoire, et de Santé Canada, et que leurs préoccupations sont prises au sérieux. (à partir de 54:55 minutes)
L’Ontario Health Coalition a publiciser et donné suite à 50 plaintes concernant la vente incitative et la privatisation de la chirurgie de la cataracte.
En général, les citoyens et les contribuables sont encouragés à faire entendre leur voix s’ils en ressentent le besoin.


