L’attaque de PM de l’Alberta contre les services de santé publics de l’Alberta révèle les défaillances de la privatisation de la chirurgie
Voici ce qu’a déclaré le premier ministre Danielle Smith lors d’une conférence de presse tenue le 19 février sur les allégations de corruption :
« Il semble que peu importe le montant (sic) supplémentaire que nous donnons à Alberta Health Service, ils n’augmentent pas le nombre d’opérations chirurgicales qu’ils pratiquent. C’est la raison pour laquelle nous utilisons des centres chirurgicaux privés et nous continuerons à le faire ».
Destinés à discréditer et à saper les services de santé de l’Alberta, les propos de Smith mettent involontairement en lumière d’autres signaux d’alarme, et des irrégularités contractuelles potentielles, dans l’initiative chirurgicale à but lucratif du gouvernement.
L’analyse des données accessibles au public dans mon nouveau rapport de recherche, Operation Profit, n’a trouvé aucune preuve appuyant l’affirmation du premier ministre Smith. En fait, la recherche démontre que c’est plutôt le contraire qui est vrai.
L’Alberta Health Service (AHS) qui est public versus l’Alberta Surgical Initiative (ASI) qui est privé et à but lucratif.
Les établissements chirurgicaux à charte – c’est-à-dire les cliniques à but lucratif et privé – reçoivent des fonds publics par le biais de l’Alberta Surgical Initiative (ASI) de la province. Depuis la création de l’ASI en 2019, il n’y a eu qu’une seule année d’augmentation des dépenses provinciales pour les salles d’opération publiques. Cette année-là (2022-23), le financement a augmenté de 14 % et le nombre d’interventions chirurgicales réalisées dans le cadre de l’AHS a augmenté de 13 %.
Chaque année depuis le lancement de l’ASI les salles d’opération publiques ont subi des réductions de dépenses, et le nombre d’opérations a diminué. Il n’y a donc rien de surprenant à cela : pas d’augmentation du financement, pas d’augmentation du nombre d’interventions.
Les propos du premier ministre contiennent une part de vérité : quelqu’un a reçu plus de fonds et n’a pas obtenu de résultats, mais ce n’est pas l’AHS. Le financement public des établissements à but lucratif a augmenté chaque année de 2018-19 à 2023-24. Mais en 2022-23, quelque chose d’étrange s’est produit : le financement public des établissements à but lucratif a augmenté de 3 %, alors que le nombre de chirurgie dans les établissements à but lucratif a diminué de 8 %.
Que se passe-t-il ?
Les établissements à but lucratif sous contrat ne peuvent facturer à l’AHS que les services fournis. Si les volumes diminuent dans les établissements sous contrat, on pourrait s’attendre à ce que les paiements diminuent également – à moins que les établissements ne soient payés pour des services qu’ils n’ont pas fournis.
Cette préoccupation a été soulevée par l’ancien directeur général d’AHS qui a été licencié de ses fonctions par le gouvernement en janvier 2025, et qui a rendu public des allégations d’ingérence politique dans les négociations de contrats chirurgicaux, affirmant que le gouvernement avait fait pression sur AHS pour qu’elle accepte des prix gonflés.
Les attaques persistantes du gouvernement Smith contre l’autorité de santé publique ont également révélé le coût relatif des soins de santé privés à but lucratif lorsque des investisseurs privés sont impliqués.
Le 21 février, le Globe and Mail a révélé que les coûts des interventions sur la hanche, le genou et l’épaule dans les établissements à but lucratif étaient de 57 à 133 % plus élevés que les mêmes interventions pratiquées dans les hôpitaux publics.
Jusqu’à présent, il semble que l’ASI ait coûté 154 millions de dollars, payés par les contribuables. Ce montant n’inclut que les « frais d’établissement » et ne tient pas compte des frais de procédure facturés par les chirurgiens au régime public.
Qu’est-ce que cette somme a permis à l’Alberta de s’acheter, me direz-vous ?
Entre 2019-20 et 2023-24, le nombre d’interventions programmées effectuées dans les cliniques privées à but lucratif a augmenté de 55 % (32 243 à 50 042 interventions), tandis que l’activité chirurgicale des hôpitaux publics a diminué de 1 % (175 608 à 174 302 interventions).
Après avoir versé 154 millions de dollars de fonds publics pour payer les investisseurs à construire les nouvelles salles d’opération, alors que les salles d’opération publiques sont inutilisées (des biens publics que les Albertains ont déjà payés), l’ASI n’a ajouté que 16 493 procédures les moins complexes à la capacité chirurgicale de la province, soit une augmentation de volume de 8 %. L’ASI a simplement déplacé l’activité chirurgicale vers des établissements à but lucratif au détriment des hôpitaux publics.
La réalité troublante en Alberta est que l’activité chirurgicale dans les salles d’opération publiques – le seul endroit où les chirurgies plus complexes qui sauvent des vies sont pratiquées – reste en dessous des niveaux d’avant la pandémie.
Le gouvernement de l’Alberta prétend qu’une plus grande participation des entreprises à but lucratif réduit les temps d’attente, mais en général, les données ne confirment pas non plus cette affirmation. Les temps d’attente médians sont plus longs pour neuf des onze procédures prioritaires suivies par l’Institut canadien d’information sur la santé, y compris les arthroplasties du genou et toutes les chirurgies du cancer.
Bien qu’il soit politiquement commode pour Smith et son gouvernement de blâmer l’Alberta Health Service (AHS) public, la responsabilité des mauvaises performances, des coûts élevés et des irrégularités potentielles incombe entièrement au gouvernement.

Ce commentaire a été publié pour la première fois par l’Edmonton Journal le 4 avril 2025.