L’élargissement du système de santé canadien est un véritable projet de construction nationale
Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la santé se réunissent cette semaine à Calgary, et les défenseurs du système de santé veulent qu’ils fassent de la santé un sérieux enjeu de construction nationale. Ces programmes peuvent stimuler l’économie canadienne et contribuer à renforcer l’autonomie et la résilience du pays alors qu’il est aux prises avec une guerre commerciale avec les États-Unis.
Le Premier ministre Mark Carney aime bien parler de projet de construction nationale. Mais il ne semble pas tenir compte du système de santé comme projet valable pour faire avancer le pays.
La prospérité, l’autonomie et la souveraineté futures du Canada sont étroitement liées à des services de santé publique plus nombreux et de meilleure qualité, affirment la Coalition canadienne de la santé et Friends of Medicare (les Amis de l’assurance-maladie), qui représentent les défenseurs des soins de santé en Alberta, dans un communiqué de presse publié aujourd’hui.
L’économiste Jim Stanford et la présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers, Linda Silas, ont récemment souligné que les soins de santé constituent notre plus grande industrie. Le secteur de la santé au sens large emploie près de trois millions de Canadiens, soit plus que toute autre industrie. Il a créé plus de 500 000 nouveaux emplois au cours de la dernière décennie, se classant au deuxième rang derrière les services professionnels et techniques en matière de création d’emplois.
Adriana LaGrange, ministre des services de santé primaires et préventifs de l’Alberta, présidera la réunion des ministres provinciaux et territoriaux de la Santé du Canada le jeudi 16 octobre.
Les partisans de Medicare en Alberta souhaitent que LaGrange démissionne en raison d’allégations d’ingérence politique dans le processus d’approvisionnement de l’Alberta auprès d’établissements chirurgicaux à but lucratif.
La ministre fédérale de la santé, Marjorie Michel, une députée pratiquement inconnue qui en est à son premier mandat, présidera les débats vendredi.
Jusqu’à présent, aucun des projets de construction nationale approuvés par le premier ministre ne concerne les programmes ou les services sociaux dont les Canadiens ont besoin.
Les critiques ont fait remarquer que la « construction nationale » de Carney n’est qu’un retour vers le passé, n’offrant rien de nouveau ni de transformateur.
Blayne Haggart et Érick Duchesnse pour Policy Options
« Pendant trop longtemps, le Canada a fonctionné selon la conviction que des impôts bas, une réglementation légère et une intervention minimale du gouvernement garantiraient une prospérité généralisée et durable.
Cette illusion est en train de s’effondrer.
Si nous voulons vraiment créer un pays plus résilient, plus équitable et plus productif, le gouvernement doit jouer un rôle beaucoup plus actif. Une fois que nous aurons accepté cette vérité fondamentale, nos horizons s’élargiront. En tant que pays riche et stable, le Canada a les moyens et la possibilité de construire quelque chose de bien meilleur ».
C’est pourquoi les défenseurs des soins de santé demandent aux ministres de la santé de saisir cette occasion pour faire preuve de vision et défendre et promouvoir les soins de santé publics universels à l’approche du budget fédéral du 4 novembre.
« Nous avons besoin que les ministres nous disent clairement s’ils comptent tenir leur promesse de protéger l’assurance médicaments », a déclaré Steve Staples, directeur national des politiques de la Coalition canadienne de la santé, à iPolitics.
Michel a semé le doute parmi les provinces et les territoires qui envisageaient de se joindre au programme. La loi a été adoptée en octobre 2024. Le gouvernement fédéral avait conclu quatre accords, avec l’Île-du-Prince-Édouard, la Colombie-Britannique, le Manitoba et le Yukon, avant le déclenchement des élections en avril. Depuis, aucun progrès n’a été réalisé et Michel est restée vague quant à ses projets pour le programme. Cependant lors de la réunion du caucus libéral à Edmonton en septembre, Carney s’est engagé à signer de nouveaux accords.
Cette inaction en matière d’assurance médicaments est une très mauvaise nouvelle pour les soins de santé, un élément essentiel au succès de l’économie canadienne, affirme Chris Gallaway, directeur général de Friends of Medicare.
Les Albertains soutiennent massivement l’assurance médicaments et ils ont fait entendre leur voix haut et fort dans le centre-ville d’Edmonton le mois dernier », a déclaré Gallaway.
« Un régime universel d’assurance médicaments signifierait une facture de moins à payer pour tant de personnes en Alberta, partout au Canada et au Québec, qui ont du mal à joindre les deux bouts ».
« Cela allégerait considérablement la charge qui pèse sur nos systèmes de santé déjà surchargés. Et surtout, cela signifierait que les gens n’auraient plus à subir d’hospitalisations évitables ou de décès prématurés parce qu’ils n’ont pas les moyens de se procurer leurs médicaments sur ordonnance. L’assurance médicaments est clairement avantageuse pour tous, et il est urgent que nos gouvernements provinciaux et fédéral agissent de concert pour la mettre en place, » selon Gallaway.
Au lieu d’investir pour protéger et développer les soins de santé publics, le premier ministre Mark Carney s’est engagé à équilibrer le budget de fonctionnement du gouvernement fédéral d’ici 2029. Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, souhaite réduire les dépenses de fonctionnement de 7,5 % pour l’exercice 2026-2027, de 10 % l’année suivante et de 15 % en 2028-2029.


