Un urgentologue voit le mal infligé aux personnes en attente de l’assurance médicaments
Un urgentologue de Toronto, le Dr Bernard Ho, a partagé son expérience personnelle lorsqu’il soigne des patients qui souffrent parce que le gouvernement n’a pas tenu sa promesse d’offrir une assurance médicaments universelle à l’échelle nationale.
Écrivant dans l’influent Hill Times cette semaine, il a déclaré :
« Je suis debout dans mon service d’urgence bondé à regarder un homme que je connais lutter pour respirer. Sa respiration est sifflante, il est pâle et il se serre la poitrine. Un bilan et une radiographie thoracique confirment le diagnostic : une autre exacerbation de son insuffisance cardiaque congestive causée par un manque d’observance à sa médication. Quand je demande pourquoi il n’a pas pris ses pilules, sa réponse est toujours la même : « Docteur, vous savez que je ne peux pas me les permettre ».
Le gouvernement Carney est peut-être en train de revenir en arrière sur sa promesse de protéger son nouveau programme de fournir gratuitement des contraceptifs et des médicaments contre le diabète aux patients, ce qui laisse les patients du Dr Ho sans espoir de ne jamais bénéficier de médicaments sur ordonnance payés par les fonds publics.
« En tant qu’urgentologue, je traite chaque jour les effets néfastes découlant des échecs politiques. Les Canadiens aiment croire que nous avons une couverture universelle complète des soins de santé, mais ce n’est malheureusement pas vrai », a écrit le Dr Ho. « Nous avons un accès universel aux cliniques médicales et aux hôpitaux, et nous avons une couverture complète des services médicalement nécessaires qu’ils fournissent, mais pas aux médicaments qui permettent de maintenir les gens à l’écart des deux ».
Le Dr Ho affirme que, bien que certaines provinces offrent des régimes partiels d’assurance médicaments aux aînés, aux personnes à faible revenu ou aux bénéficiaires de l’aide sociale, ces programmes sont souvent alourdis par des règles d’admissibilité complexes et des quotes-parts sociales, laissant de nombreux patients pris dans les mailles du filet.
« En première ligne, je vois comment l’assurance médicaments n’est pas seulement une question d’équité; c’est une question de dignité. Je regarde les aînés décider entre l’épicerie et les pilules contre la tension artérielle. Je vois de nouveaux immigrants rationner l’insuline. J’ai dû prescrire des médicaments moins efficaces, mais couverts par une assurance parce que le meilleur médicament n’était pas offert dans le régime du patient. En 2025, dans un pays aussi riche et compatissant que le Canada prétend l’être, c’est cruel.
« En première ligne, je vois comment l’assurance médicaments n’est pas seulement une question d’équité; c’est une question de dignité ».
Dr Bernard Ho
Les commentaires controversés de la nouvelle ministre de la Santé du Canada, Marjorie Michel, au Nouveau-Brunswick cet été, jettent le doute sur la question de savoir si le gouvernement Carney tiendra sa promesse de protéger l’assurance médicaments — un élément clé de la campagne électorale libérale. Seulement quatre territoires de compétence ont pu signer des ententes de financement avec le gouvernement fédéral avant les élections (Colombie-Britannique, Yukon, Manitoba et Î.-P.-É.), laissant quatre Canadiens sur cinq sans couverture publique pour les contraceptifs et les médicaments contre le diabète, y compris l’insuline.
Le Dr Ho a une ordonnance pour le premier ministre Carney.
« Le gouvernement libéral a déjà présenté le programme national d’assurance médicaments comme le prochain grand chapitre de la politique canadienne de la santé. Reculer maintenant n’est pas seulement un pivot politique, c’est une promesse rompue avec des conséquences réelles. En tant que personne qui voit ces conséquences chaque jour aux urgences, j’exhorte le premier ministre Mark Carney et nos dirigeants à agir avec urgence et vision. Le prochain patient qui franchit mes portes ne devrait pas avoir à payer le prix de l’hésitation politique avec sa santé, sa dignité ou sa vie ».


