Les chercheurs exposent les inégalités en santé causées par les collisions entre le secteur public et le secteur privé
À mesure que la santé, les maladies et les déterminants sociaux et structurels des soins de santé sont mieux compris et que les découvertes scientifiques améliorent les traitements et la guérison, qui en bénéficiera ultimement et qui en sera exclu reste une question.
L’assurance-maladie s’étendra-t-elle pour couvrir davantage de services, ou les intérêts à but lucratif tireront-ils parti des développements et des innovations?
Lors de la table ronde sur la recherche de l’an dernier, Jennifer Goodyer, de Santé Canada, a déclaré : « Santé Canada croit que s’il y a une innovation dans la prestation des soins de santé, elle devrait profiter à tous les Canadiens, et pas seulement à ceux qui peuvent se permettre de payer pour ces innovations ».
Les chercheurs qui étudient les collisions et les tensions entre le secteur public et le secteur privé du point de vue de l’équité en santé présenteront leur exposé à la table ronde de recherche sur la profitabilité des soins de santé au Canada en octobre. Les panélistes discuteront des répercussions liées à la prestation privée de soins virtuels, de soins primaires, de soins dentaires et de soins de santé génésique.
La table ronde de recherche d’une journée à l’Université d’Ottawa, le 23 octobre, est organisée par la Coalition canadienne de la santé et le Centre de droit, de politique et d’éthique de la santé de l’Université d’Ottawa.
Les places sont limitées et nous vous encourageons à vous inscrire à l’avance. La date limite pour vous inscrire est le 30 septembre.
Ruth Lavergne, Mona-Lisa Amam Odukoya, Vanessa Gruben et moi-même prendront la parole à titre d’experts.
Soins virtuels
Ruth Lavergne est titulaire d’une Chaire de recherche du Canada de niveau II en soins primaires et professeure agrégée au Département de médecine familiale de l’Université Dalhousie. Mme Lavergne interviendra sur les soins virtuels épisodiques et le paiement privé des soins primaires.
Mme Lavergne examinera les soins virtuels épisodiques en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, plus particulièrement les soins virtuels épisodiques financés par l’État et offerts dans le cadre d’un partenariat avec Maple. Mme Lavergne partagera les conclusions d’un sondage public examinant les perceptions et les expériences à l’égard des soins virtuels épisodiques dans les Maritimes. Elle contextualisera les conclusions dans le cadre d’un programme plus vaste de recherche qui examine le paiement privé et la prestation à but lucratif des soins primaires au Canada.
Soins dentaires
Mona-Lisa Amam Odukoya termine un baccalauréat en sciences de la santé avec une mineure en droit à l’Université Carleton. Elle possède plusieurs années d’expérience en tant qu’administratrice d’une clinique dentaire.
Mme Odukoya partagera ses conclusions d’une étude explorant les premières expériences du public et des fournisseurs avec le régime canadien de soins dentaires. Lancé l’an dernier, le régime public de soins dentaires est mis en œuvre dans le cadre d’un système de soins axé sur le profit. Mme Odukoya expliquera « si les objectifs publics du régime sont réalisés dans un paysage dominé par la prestation privée ».
Selon Mme Odukoya, « la recherche offre un aperçu en temps réel de la façon dont un programme public historique est introduit sur le terrain, en particulier au sein des communautés vulnérables et mal desservies. La présentation décrira les principales déconnexions patient-fournisseur, les thèmes émergents de fragmentation et les opportunités politiques pour renforcer la prestation, la sensibilisation et la responsabilisation ».
Soins de santé génésique
Vanessa Gruben est directrice du Centre de droit, de politique et d’éthique de la santé de l’Université d’Ottawa et professeure agrégée à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Experte reconnue en droit de la santé et en justice reproductive, la bourse d’études de Mme Gruben couvre la procréation assistée, le don d’organes, la réduction des méfaits et la réglementation des soins de santé.
Lors de la table ronde, Mme Gruben examinera le cadre réglementaire régissant le secteur ontarien de la fertilité, en mettant particulièrement l’accent sur l’approche ontarienne en matière de politique de fécondation in vitro (FIV), afin d’évaluer les leçons qui peuvent être tirées de la réglementation des soins de santé financés par le secteur privé.
L’analyse de Mme Gruben révèle que « les services de fertilité sont principalement réglementés par l’autorégulation des facultés de médecine et des lignes directrices de pratique clinique, avec une surveillance minimale du gouvernement, sauf lorsque des fonds publics sont offerts ». Mme Gruben soutiendra que « les conclusions servent de mise en garde pour une expansion potentielle des soins de santé financés par le secteur privé au Canada ».
Je vais discuter au sein du panel de la prise en charge de l’avortement au Nouveau-Brunswick en matière de justice reproductive.
Lors de la table ronde de recherche de l’an dernier, les représentants de Santé Canada ont souligné que la réglementation du Nouveau-Brunswick restreignant les avortements pratiqués dans le cadre de l’assurance-maladie aux hôpitaux était un exemple d’une province qui ne répondait pas aux critères et conditions de la Loi canadienne sur la santé.
Des mois après la table ronde, en novembre, le Nouveau-Brunswick a aboli le règlement et Santé Canada a remboursé à la province les retenues qu’il avait faites au titre du transfert en matière de santé pour avoir enfreint la Loi canadienne sur la santé.
Étant donné que le Nouveau-Brunswick permet que davantage d’interventions, comme les chirurgies de la cataracte, soient effectuées dans des cliniques privées, je soutiens que les défenseurs de la justice reproductive, soucieux de l’équité dans les soins de santé devraient être prudents lorsqu’il s’agit de faire des comparaisons et de réclamer une plus grande prestation privée de soins de santé. L’ouverture politique actuelle visant à accroître l’accès à l’avortement au Nouveau-Brunswick pourrait être saisie par des intérêts publics ou privés, chacun ayant des résultats prévisibles très différents en matière de justice reproductive.

La table ronde est une occasion importante d’entendre les plus récentes recherches sur la façon dont la profitabilité menace le système de soins de santé du Canada et l’équité en matière de santé. C’est aussi l’occasion de rencontrer des chercheurs, des décideurs et des défenseurs des soins publics de santé et de l’équité en santé et de réseauter avec eux.
Les étudiants peuvent faire une demande pour l’une des places gratuites ici.
Les prochains billets de blogue mettront en vedette d’autres chercheurs qui offriront une conférence à la table ronde de recherche de cette année.


